Ma production
Tout commence par la préparation de la terre : d'abord il faut la battre pour la désaérer. Les bulles d'air encore présentes dans la terre risqueraient de faire exploser la pièce au moment de la cuisson.
La terre est ensuite pesée (environ 450g) pour pouvoir la travailler, la malaxer pour homogénéiser et lui donner un sens. On forme des boules de terre de la taille des pièces souhaitées qui sont ainsi prêtes à être tournées. Il s'ensuit alors la phase de tournage : on commence par poser fermement la boule de terre bien au centre du tour.
La technique du tournage demande beaucoup de métier, mais faire monter la pièce et la façonner peut prendre quelques minutes seulement pour une pièce de petite taille. Les finitions sont quant à elles beaucoup plus longues; le lendemain (lorsque la terre est plus ferme mais toujours humide et malléable), il faut "tournaser" : sculpter le pied, polir pour enlever les traces du tournage, et donner de l'élégance à la pièce, poser les anses des mugs et des théières.
Après avoir laissé les pièces sécher plusieurs jours soit en atelier, soit dehors au soleil, elles sont "engobées" soit recouvertes par une couche blanche d'argile, qui sera la toile de fond du futur décor. Pour cela, je trempe la pièce toute entière dans la bassine et la retire en laissant tomber jusqu'à la dernière goutte d'engobe afin que la surface soit bien lisse (la trace du pouce et de l'index pourra être recouverte plus tard au pinceau.)
Une fois sèche, la pièce est décorée avec des oxydes métalliques, puis enfournée pour une première cuisson à 1050°C.
Les pièces sont émaillées afin de protéger le décor et les rendre solides et imperméables. J'utilise un émail culinaire pour toutes mes pièces, vous pouvez les utilisez sans crainte pour vos aliments. Lorsque l'émail est sec, les pièces sont enfournées pour une seconde cuisson à 1000°C.
Les pièces sont lustrées sur émail cuit avec un mélange de nitrate d'argent, d'ocre et de vinaigre. Cette technique, qui puise ses origines au Proche et Moyen Orient pendant la période islamique, était très utilisée dans l'art de la table. Elles permettaient de créer des pièces décoratives aux reflets irisés rappelant l'or et l'argent. Aujourd'hui encore, ce secret d'atelier demeure rarement maîtrisé.
Il m'a fallu des années d'essais pour trouver ma technique !
Lorsque le décor d'oxydes est posé, la pièce est prête pour une cuisson au four en extérieur. Cette cuisson par enfumage est la clé pour révéler les oxydes : après réduction, le cuivre devient rouge, les lustres dorés apparaissent. La cuisson dure plusieurs heures et doit être surveillée de prêt, les oxydes ont besoin d’atteindre une température précise, au-dessus il brûlent, en-dessous ils ne réduisent pas. Lorsque la température est atteinte, le four doit être étouffé rapidement et enfumé à l'aide d'épines de pins et autres branchages. Une fois que le four commence à descendre en température, les jeux sont faits, il faut atteindre patiemment le lendemain pour pouvoir sortir les pièces. Lorsque le four est froid, on découvre si les effets sont réussis et les pièces sublimées ! Les effets lustrés dépendent des conditions extérieures (taux d'humidité), de l'emplacement de la pièce dans le four et du passage de la flamme dans le four.